Confiance et integrité
La thérapie peut commencer quand tu dis la vérité.
Si je lui dis, elle me quittera. Je vais tout perdre. Cette pensée t'obsède pendant qu'elle te sourit depuis le canapé, ignorant tout. Ce n'est pas sa douleur qui te préoccupe vraiment, c'est ta vie qui risque de se briser. Mieux vaut se taire. De toute façon, c'est déjà arrivé : à quoi bon tout gâcher maintenant ?
- « Tu es bizarre ces derniers temps, » te dit-elle en te regardant dans les yeux. « Il se passe quelque chose ? »
Panique. Si elle découvre, adieu maison, adieu routine, adieu confort.
Tu bafouilles une excuse, mais tu sens qu'elle commence à soupçonner. Je dois être meilleur pour ruser. Et tu y arrives. Tu apprends à gérer deux téléphones, à créer des alibis solides, à mentir sans sourciller. Au fil du temps, la culpabilité s'atténue. Ça devient normal.
- « Tu as l'air plus détendu, » te dit-elle, et tu souris sincèrement.
Pourquoi devrais-je me sentir coupable ? Elle est heureuse, je suis heureux. Tout fonctionne. Mais un soir, tu oublies ton portable sur la table.
- « Qui est Sara ? » demande-t-elle d'une voix que tu n'avais jamais entendue. Le nom que tu avais enregistré à la place du vrai. Merde. Je dois inventer quelque chose. Tout de suite.
« Une collègue …» réponds-tu, mais ta voix tremble.
Tout explose...Larmes, cris, menaces de divorce. Je dois sauver la situation. La thérapie de couple : voilà la solution ! Si on va voir un psy, j'aurai l'air d'une personne qui veut vraiment changer. Elle accepte, pleine d'espoir.
« J'ai fait une erreur, je sais. Je veux changer. » dis-tu assis dans le cabinet du thérapeute une semaine plus tard. Si je dis les bonnes choses, peut-être qu'elle y croit encore. Lui aussi peut devenir un allié. Tu racontes une version édulcorée : « C'était un moment de faiblesse, ça ne voulait rien dire. » Elle ne peut pas savoir que ça a duré deux ans. Une fois, ça sonne mieux.
« Comment se sent votre épouse ? » demande le thérapeute.
« Dévastée, évidemment. Mais elle veut essayer de reconstruire, » réponds-tu, omettant qu'elle n'a découvert qu'une petite partie de la vérité. Si je réussis à le convaincre lui aussi que je suis repenti, j'aurai un témoin crédible.
Après trois mois de thérapie, elle commence à te faire à nouveau confiance, petit à petit. Le thérapeute hoche la tête quand tu parles de tes « progrès ». Parfait. Lui aussi y croit. Je suis bon aussi dans ce domaine.
Mais ensuite arrive cet appel. Une amie qui a vu des photos, un message non effacé, quelqu'un qui parle trop…
- « Deux ans ? » chuchote-t-elle incrédule.
- « Tu m'avais dit que c'était arrivé une seule fois. Même pendant la thérapie tu as continué à mentir. »
Maintenant, tu es vraiment seul, face à toi-même. Tu l’as pratiquement perdue ! C’est le moment d’envisager une autre stratégie et de te poser LA question : Et si je choisissais plutôt d’être authentique pour reconstruire sa confiance ?
La vraie thérapie peut vraiment fonctionner quand tu arrêtes de mentir.